LES RÉFUGIÉS DANS L'INDRE


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L'Indre  accueillera  22500 évacués d'Alsace principalement  



LES DÉLIBÉRATIONS DU CONSEIL MUNICIPAL DE CHATEUROUX LE 6 NOVEMBRE 1939  NOUS APPORTENT DES INFORMATIONS

Le département de l’Indre devait donc accueillir des habitants du Bas-Rhin , rien n’était moins évident pour ces populations originaires d’Alsace que de pouvoir s’adapter au Berry. De toutes les difficultés rencontrées par ces gens, la première de toutes n’était-elle pas la barrière de la langue. La plupart ne parlaient pas français, seulement le dialecte alsacien. Il y eut bien des récriminations de la part de ces « évacués » qui avaient l’impression que le meilleur accueil possible ne leur était pas réservé ; pourtant les conseillers généraux du département de l’Indre comme le préfet, tout en sachant que tout n’était pas parfait, avaient conscience d’avoir fait tout ce qui était en leur pouvoir.
« Délibérations du conseil
général de l’Indre, séance du
6 novembre 1939

Paul Bénazet :
Mes chers Collègues,
Je dois vous remercier tous, pour les efforts que chacun déploie dans son canton afin de soutenir le moral de ceux qui sont séparés d’êtres chers et qui ont, plus que jamais, besoin de réconfort et d’appui.

Je veux mentionner aussi, de façon toute spéciale, l’œuvre d’entraide et de solidarité exigée par la présence dans notre département de nos frères d’Alsace-Lorraine.
Cette tâche délicate, vous vous en acquittez avec tant de cœur, que, hier encore, j’ai été chargé de vous exprimer la reconnaissance de M. l’Adjoint au Maire de Strasbourg.
[lecture d’une lettre adressée à M. Bénazet, président du conseil général de l’Indre.]

Annexe de la Mairie de Strasbourg à Châteauroux
Châteauroux, le 4 novembre 1939
À Monsieur Bénazet, ancien Ministre, Président du Conseil général de l’Indre
Monsieur le Président,
Au nom de la municipalité de Strasbourg et des réfugiés alsaciens, je tiens à exprimer au Conseil général du département de l’Indre, ainsi qu’aux Administrations préfectorales et locales, nos meilleurs remerciements de l’accueil que nous avons trouvé dans les heures dramatiques que nous vivons.

Je tiens, avant tout, à rendre hommage au zèle et au dévouement dont ont fait preuve M. le Préfet et ses collaborateurs, ainsi que les Municipalités du département.

Avec le concours bienveillant de l’Administration préfectorale et de la Municipalité de Châteauroux, nous avons pu installer une annexe de la mairie de Strasbourg à Châteauroux, à l’école des Capucins. Cette annexe centralise les demandes de toutes sortes de réfugiés strasbourgeois, leur fournit tous les renseignements nécessaires. Inutile de dire que notre annexe entretient les meilleures relations avec les autorités locales et départementales, seule garantie d’une collaboration fructueuse dans l’intérêt des réfugiés alsaciens.
Partout, là où il y a un nombre assez important de réfugiés, nous avons constitué un comité parmi eux, comprenant entre deux à quatre membres chargés d’assurer la liaison entre les autorités locales et les réfugiés. Ce système a eu de bons résultats jusqu’à présent.

Il est évident qu’il y a encore des réclamations et des plaintes parmi les réfugiés, mais nous sommes persuadés que l’organisation constituée par l’autorité préfectorale ne tardera pas à venir à bout de toutes les difficultés encore présentes. Grâce à l’initiative prise par ladite autorité, nos réfugiés seront pourvus, pendant la mauvaise saison, des matériaux de chauffage indispensables.

Des matelas et des couvertures leur sont fournies également.
Si un certain nombre de réfugiés se trouvent encore, à l’heure actuelle, dans de mauvaises conditions d’hébergement, nous avons le ferme espoir que les autorités compétentes remédieront, séance tenante, à cet état de choses.
Une difficulté assez importante se présente du fait du manque de médecins, surtout de médecins pratiquant la médecine générale. Pour le moment, il n’y a dans le département de l’Indre que très peu de médecins parlant le dialecte alsacien, pourtant si nécessaire dans ce domaine.

M. le Préfet a fait de son mieux, en créant un centre médical pour les réfugiés à Châteauroux. La question de la création d’équipes sociales, avec un personnel parlant le dialecte et composé d’infirmières et d’aides sociales, est actuellement à l’étude. Par une collaboration étroite des différents services entrant en ligne de compte, le problème des équipes sociales et, partant, de dispensaires, sera résolu, espérons-le, bientôt.

Nous, de notre part, continuerons tous nos efforts et resterons en collaboration constante avec M. le Préfet et tous ses collaborateurs avec lesquels nous maintenons les meilleures relations.
En vous priant de vouloir bien seconder tous ces efforts conjugués,
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération très distinguée.
Le Maire : p.d. signé : E. Imbs

 

Le préfet de l’Indre, ayant saisi l’importance de la question du dialecte alsacien, écrivit, le 8 avril 1940, au ministre de l’Information pour le prier de créer une station de radio émettant en dialecte et adaptée aux réfugiés alsaciens.
« Ministre de l’Information —
Hôtel Continental Paris
J’ai l’honneur de soumettre à votre haute appréciation une suggestion intéressant la radiodiffusion. Dans une dizaine de départements du Centre et du Sud-Ouest de la France, se trouvent des milliers de réfugiés alsaciens-lorrains. Dans l’Indre, en particulier, leur nombre atteint 25.000 environ. Ces évacués des régions frontalières de l’Est parlent un dialecte qui leur est cher, et beaucoup d’entre eux ne comprennent pas la langue française. Certains possèdent un appareil de radio ; d’autres profitent de l’appareil de la famille qui les héberge ; d’autres vont écouter les informations au Foyer Social (je poursuis, en effet, la création progressive de ces Foyers, Centres, où les réfugiés trouvent de saines distractions, des livres et la possibilité, pour les jeunes filles évacuées, de bénéficier d’un apprentissage “ familial ” , cuisine, couture, etc.). Que font ces réfugiés éloignés de leur province ? Ayant des difficultés pour saisir les informations en langue française, ils cherchent plutôt à écouter les nouvelles données en langue allemande, et ces nouvelles viennent de Stuttgart.

On veille, bien sûr, attentivement à les éviter, et parfois cette précaution les contrarie — s’ils sont isolés, si le poste se trouve dans un logement particulier, il est bien difficile, impossible même de les en détourner ; et ces informations ne peuvent que nuire gravement à leur état d’esprit, contrarier l’apaisement que nous cherchons tous les jours à créer, et, de toute façon, que provoquer, chez eux, de dangereuses méditations.

Je pense qu’il y aurait grand intérêt ; en conséquence, à organiser, par l’intermédiaire d’un poste d’émission situé, autant que possible, en un point de la région d’accueil, Limoges par exemple, “ la demi-heure des réfugiés alsaciens-lorrains ”. Elle pourrait avoir lieu entre 18 heures 30 et 19 heures par exemple. Elle donnerait, en dialecte, (le dialecte alsacien ne s’écrit pas — si les journaux ne peuvent donc l’utiliser, la radio peut le faire) des nouvelles générales, les informations relatives à l’ensemble des réfugiés — de courtes conférences ou d’intéressantes variétés, etc.
De la sorte, les Alsaciens-Lorrains attendraient tous les soirs, avec une certaine impatience, cette demi-heure, à eux réservée ; ils écouteraient la radio, avec une affectueuse attention, parce qu’elle leur parlerait la langue de leur province, et ils ne chercheraient pas ainsi à repérer, en cachette parfois, une pernicieuse émission en langue allemande.

J’ai cru devoir vous soumettre cette suggestion. Sa réalisation me paraît opportune. Je veux respectueusement croire, Monsieur le Ministre, qu’elle aura votre agrément et qu’il sera possible de lui donner suite.
Le Préfet
»


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